Shunsuke rangea le dernier rouleau qu'il venait de terminer, puis regarda, satisfait, l'immense étagère remplie à craquer de centaines de dossiers, tous plus volumineux les uns que les autres. Remettre le village en ordre avait pris du temps, mais désormais, Suna était serrée dans la poigne de fer du Kazekage. Toutes les institutions avaient perdu leurs libertés et leurs droits, et ce, de la manière la plus officielle qui soit. Tous les pouvoirs étaient désormais en possession de Shunsuke. Rien ne pourrait l'arrêter.
Essuyant son front humide, il alla chercher son grand manteau, son chapeau, puis se décida à sortir. La chaleur était aussi infernale dehors que dedans, mais au moins, il aurait de l'air. Le bureau sentait le renfermé, et ce n'était plus vivable. Il devait respirer de l'air pur. Sans prévenir, il claqua la porte, faisant sursauter les gardes, pourtant habitués à une attitude de ce genre. Il traversa le couloir d'un pas rapide, puis descendit les escaliers, droit comme un I. Lorsqu'il sortit dehors, il s'arrêta enfin, et leva les yeux au ciel. Ah... Comme la lumière du soleil lui avait manqué...
Il se mit à vagabonder dans les rues, ne saluant évidemment pas les passants, qui lui adressèrent néanmoins tous un signe respectueux. Ce n'est qu'une fois arrivé au temple qu'il se détendit. Il avait besoin de repos. Et méditer lui permettrait d'avoir les idées claires.
Nu, Shunsuke entra dans l'eau glacée, directement dans le petit bassin formé par la source qui passait à l'intérieur de l'immense roc qui constituait le mur arrière du temple. Une fois immergé entièrement, il effectua quelques mouvements de brasse, avant de remonter à la surface, secouant sa chevelure dorée. L'eau se mit à couler sur son visage, suivant le fil sinueux de sa cicatrice avant de dégouliner de son menton pour retomber dans la marre avec un "plic" répétitif. Il s'adossa au bord de la cavité, et ferma ses yeux violets. Il avait à réfléchir...
Shunsuke avait définitivement achevé la première partie de son plan, qui était de s'assurer la main-mise sur Suna. Maintenant, il lui restait à conquérir les autres villages. Bien entendu, il ne servait à rien d'espérer raser les 4 grands villages ninjas seul, mais il pouvait en anéantir un, afin de prendre le contrôle d'une grand part de terre, et d'agrandir son influence avant l'attaque finale. Il ne lui restait qu'à décider du village en question.
Ses espions avaient été formels : Kiri avait des problèmes. Une grande attaque avait eu lieu là-bas, d'après-eux, et on n'avait plus eu de nouvelles du Mizukage depuis. de plus, l'absence d'armée pour envahir le village semblait faire pencher la balance pour un groupuscule de puissants shinobis, qui auraient pu mener une attaque silencieuse, brutale, et terriblement efficace. L'Akatsuki semblait se révéler une cause probable, mais il ne fallait jurer de rien. Tout du moins, un village était tombé sous la coupe de quelqu'un d'autre. Et ce quelqu'un ne serait pas tenu dans le coeur des autres villages, qui redouteraient une invasion, eux-aussi.
D'un autre côté, l'effet boomerang était à craindre. Suite à l'attaque sur Kiri, les autres villages risquaient, tout comme Suna, de se remilitariser efficacement afin de se préparer à une potentielle attaque. Et là, toute invasion de Shunsuke sur les pays limitrophes risquait de se révéler ardue. Il convenait donc d'attaquer une cible à la puissance militaire limitée, mais lequel ? A sa connaissance, aucun ne semblait être dans une situation défavorable. Et si Shunsuke était avide de sang et ambitieux, il n'en était pas fou pour autant.
De rage, il frappa l'eau calme du poing, qui alla éclabousser les berges rocheuses. L'eau projetée coula lentement dans les interstices de la pierre, avant de retomber dans le bassin. Le Kazekage ne supportait pas l'échec. Et pourtant... Il semblait qu'il ne serait pas en mesure de déclarer la guerre à qui que ce soit.
Il se rhabilla prestement, puis sortit d'un pas sec du temple. Réfléchir lui avait été très profitable, mais cela n'avait fait qu'augmenter sa rage, et n'avait guère amélioré son humeur. Un prêtre s'approcha de lui, et reçut un coup de poing à l'abdomen en guise d'au revoir ! Shunsuke était hors de lui ! Tant de travail pour rien ! Il en aurait pleuré de désespoir... C'est affligé qu'il remonta dans son bureau, non sans avoir fracassé la porte de la pièce dans un bruit effroyable ! Les débris furent rapidement ôtés, et une nouvelle porte, installée. Ce petit tour de main semblait n'être qu'une formalité pour les gardes du Kage, qui restait immobile, toujours vêtu de son manteau, les yeux perdus dans le ciel bleu, regardant à travers sa fenêtre entrouverte.
Il enleva son manteau lentement, puis le posa sur un siège proche. Il fit le tour de son bureau, et retourna près de la porte. Il l'entrouvrit. Un messager se tenait là. Petit, maigrelet, il faisait pâle figure face au personnage imposant de Shunsuke Kinbara. C'est malgré tout avec fermeté qu'il tendit un rouleau à son kage.
- Voici mon rapport effectué à Konoha, maître Kazekage. Je pense que les informations que vous y lirez vous seront de la plus grande utilité.
Il salua Shunsuke avec dévotion, et celui-ci l'envoya disposer d'un simple geste de la main, non sans avoir saisit le rouleau avec avidité. Il s'assit sur son fauteuil, et défit le sceau de cire qui y était posé. Il le déroula. Le lut. Ses yeux se mirent à sortir de ses orbites, et le rouleau lui échappa des mains. Il se mit à rouler au sol, avant de voir sa course interrompue face au pied de la table, avec un bruit sec. Le Kage se leva, un sourire aux lèvres. Il tenait enfin sa cible.
- Ainsi donc, Konoha a été ravagé par un simple shinobi... Fort intéressant...
Le shinobi en question répondait au nom de Kyûji Hyûga, et était censé être un ancien déserteur, déclaré mort. Effectivement, il s'était révélé autrement plus vivant qu'on ne le disait, et avait massacré son ancien clan avant de manquer détruire Konoha d'une Bombe Bijuu, et de fuir. La bombe Bijuu. Kyûbi !
Une telle puissance en liberté fit trembler le kage d'excitation. S'il mettait la main dessus... Il serait invincible. Mais comme cela risquait d'être très périlleux, mieux vallait se contenter de ce qu'il avait offert à Suna : un village caché de la feuille démuni, et vulnérable. Parfait.
Sans hésitation, il alla chercher un petit rouleau rouge, et y remplit les quelques champs préparés pour cet usage. Il le renroula alors, avant de sortir de son bureau, encore dans un coup de vent ! Il plaqua le rouleau contre le torse d'un des gardes, et lui asséna fermement :
- Toi, va clamer ça sur la place publique ! Et que ça saute ! je ne supporterai pas un quelconque retard !
Il claqua de nouveau sa porte, avant de se pencher, pensif, sur le bureau en bois brut. Il sortit une carte du monde shinobi d'un de ses tiroirs, et la mit à plat sur une table proche. Il l'épingla sommairement, afin qu'elle ne bouge pas, puis plaça hâtivement de nombreux pions sur Kaze no Kuni. Il les organisa rapidement, puis sourit avec une expression carnassière.
Il sortit un rouleau dans la section "militaire", le déroula, et, le lisant attentivement, prit de notes tout en plaçant des pions en bois sur la carte déroulée. Dehors, on clamait la mobilisation générale, et la déclaration de guerre de Suna à Konoha...